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Vanlifer VS Camping-cariste : les clichés passés au crible

L’été 2020 semble confirmer une tendance qui dure déjà depuis quelques années : le véhicule de loisir a le vent en poupe. Après de longues semaines de confinement, les Français veulent prendre l’air cet été et montrent un intérêt croissant pour la vie en van, fourgon ou camping-car. Le dilemme se porte sur le choix de la monture : van ou camping-car ? L’image renvoyée par ces deux types de véhicules est bien différente même si la cote de chacun d’eux est au beau fixe. Les clichés véhiculés par ces deux montures ne sont-ils pas surfaits et en grande partie loin de la vérité ? Si vérité il y a ! Vanlifer ou camping-cariste ? Lequel de ces clichés vous sied le mieux ?

Cliché n°1 : le van aménagé, ancêtre du camping-car

Plongeons-nous donc dans l’histoire du véhicule automobile habitable.

Historique du van aménagé

L’imaginaire du van nous ramène invariablement vers le mythique combi de la marque Volkswagen. Sorti tout droit des usines de Wolfsburg au début des années 1950, le T1 surnommé affectueusement « Bulli » à cause de sa forme rondouillarde, est le modèle précurseur du van dans le monde.

Dès 1951, le combi passe de la camionnette au véhicule de loisir grâce à la révolutionnaire Camping Box créée par le célèbre aménageur Westfalia, allemand lui aussi. Elle se résume en un meuble multifonction placé derrière les sièges avant.

Le premier aménagement Westfalia pour VW : la camping box
Le VW T1 aménagé avec la camping box de Westfalia

Avec réchaud, bassine et rangement des matelas, une table amovible adossée à la dînette, quelques tiroirs et enfin un grand meuble de rangement à l’arrière, tout y est ! C’est simple mais efficace, la vanlife est en marche !

La collaboration entre ces deux avant-gardistes se poursuit pendant plus de cinquante ans et laisse derrière elle, les légendaires Transporter James Cook et California.

Outre-Manche, c’est le concept Dormobile qui innove en inventant le toit relevable. On le retrouve sur le Bedford CA Van mais aussi sur le Combi Volkswagen, et même sur Land Rover pour les vrais aventuriers. Il fait gagner de la hauteur et permet aussi l’ajout de hamacs afin d’accroître le nombre de couchages.

La Dormobile, le premier van avec toit relevable
La Dormobile sur Bedford et le premier toit relevable

Le camping-car : déjà un siècle d’existence

Et le camping-car alors ?

Plus récent bien sûr…

Eh bien non !

Les premiers modèles datent du début du XXe siècle. Oui, vous avez bien lu, un demi-siècle avant le van !

Le pionnier historique est un certain Jules Secrestat , distillateur bordelais, qui, en 1903, fit construire par le carrossier Henri Lafitte, sa « Bourlinguette » sur un châssis de camion Panhard. Un véritable salon roulant de 7 mètres de long avec poste de conduite, salon transformable en chambre à coucher et pièce de service avec eau et cuisinière. Le tout avec éclairage électrique, tapis épais, tentures et vaisselles gravées. Le grand luxe !

Et j’oubliais, une vitesse de pointe à près de… 30km/h. Un bolide !

D’autres passionnés se prennent aussi au jeu des deux côtés de la Manche pour créer de magnifiques roulottes automobiles, le terme camping-car voyant finalement le jour au début des années 30… en France.

Le premier véhicule du genre en Angleterre date de cette période et est toujours en circulation quatre-vingt-dix ans plus tard. Il est même encore capable d’atteindre les 80km/h avec son gros moteur de Pontiac.

Le premier camping-car anglais roule encore
Le premier camping-car anglais

Le plus extravagant de ces pionniers est sans doute le Carling Home n° 2 inventé par Charles Louvet en 1925. Imaginez-vous un hybride entre un sous-marin et un aéronef de 10 m de long pour 2,2 m de large, composé d’une chambre avec lit simple, d’une cuisine-salle à manger, d’un salon-chambre à coucher, d’une salle de bain avec baignoire et de WC séparés. Un intégral de luxe d’avant-garde, ne pesant que 2 tonnes et filant à 25km/h.

Le Carling Home
Le carling home

Pour trouver trace des premiers camping-cars de série, il faudra attendre la fin des années 1940 où Joseph Notin (tiens, tiens, le nom doit dire quelque chose aux camping-caristes) puis Pierre Digue lancent leurs premières réalisations sur châssis Renault. Un Notin de 1951 sur Renault Goelette est toujours en circulation et paré pour la route. Pas d’obsolescence programmée à l’époque !

Le premier camping-car Notin
Le premier camping-car Notin

Le camping-car est bien le plus vieux des véhicules de loisirs, la camping-carlife est donc bien née avant la vanlife.

Préjugé n°2 : le van pour les jeunes, le camping-car pour les vieux

Ça y est, on s’attaque à un cliché qui a la dent dure ! C’est du lourd !

Si l’on veut être honnête, il faut se baser sur des chiffres. Alors trouvons-les !

Durant l’été 2017, la Direction Générale des Entreprises a mandaté deux cabinets pour étudier toutes les caractéristiques des vacanciers en véhicule aménagé présents sur le territoire français de juin à septembre. Ce joli pavé de 80 pages est une vraie mine d’informations.

Dans la catégorie van et fourgon :

  • Age moyen des sondés : 52,8 ans
  • 27 % des conducteurs ont moins de 45 ans
  • 36 % des conducteurs ont entre 45 et 60 ans
  • 37 % des conducteurs ont plus de 60 ans

Contre toute attente, les propriétaires de van ne sont donc pas si jeunes que ça…

Pour la catégorie des profilés (star des modèles de camping-car en France) :

  • Age moyen des sondés : 59,8 ans
  • 10 % des conducteurs ont moins de 45 ans
  • 31 % des conducteurs ont entre 45 et 60 ans
  • 59 % des conducteurs ont plus de 60 ans
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Là, on voit clairement que ce type de véhicule est très apprécié des seniors. Certainement pour son rapport volume/habitabilité/maniabilité et parce que le marché français propose de nombreux véhicules dans cette gamme aussi bien dans le neuf que l’occasion.

Bilan de l’analyse générationnelle

Ce que l’on constate d’emblée, c’est que les plus de 60 ans sont majoritaires aussi bien en camping-car, qu’en van !

Même si les plus jeunes préfèrent le van au camping-car profilé, ils sont bien peu représentés finalement. Et peut-on dire que l’on est jeune dans la catégorie moins de 45 ans ? Ça dépend où on se trouve… Ah, la lecture de cette étude, une vraie fontaine de Jouvence (on se situe dans la première tranche encore pour quelques mois…).

Malheureusement, l’étude manque de données sur les camping-cars avec capucine, qui restent souvent les véhicules plébiscités par les familles, et donc avec des conducteurs ayant potentiellement moins de 45 ans.

Bilan de l’analyse, la moyenne d’âge est moins élevée chez les vanlifers mais l’écart est assez serré avec les camping-caristes.

  • Un, parce que les fourgons aménagés que l’on assimile de plus en plus aux vans, sont à nouveau très prisés des jeunes retraités.
  • Deux, parce qu’on peut se prévaloir d’être un vanlifer, mais vivre en réalité dans un camping-car, parce que, pour y vivre à plein temps (c’est à dire entrer dans la catégorie des Full-timers) ou sur de longues périodes, c’est quand même un peu plus confortable.
  • Trois, parce que vivre seul ou en couple en van, ça passe et c’est plutôt sympa suivant les saisons, mais avec un, deux, trois enfants voire plus, ça devient vite ingérable ! En camping-car, avec une capucine familiale, on peut largement vivre jusqu’à 7 avec un minimum d’organisation.
    Enfin… pour le côté ingérable avec un plus petit véhicule, cela n’engage que nous ! Certaines familles s’en sortent admirablement bien avec une voiture et une tente de toit pour faire le tour du monde !

En conclusion, quels que soient l’âge et la monture, le plus important est d’y trouver son compte et d’en profiter !

Idée reçue n°3 : le van pour les fauchés, le camping-car pour les friqués

Écueil suivant, la question du porte-monnaie !

Là encore, il faut savoir de quoi on parle.

Le prix des vans : du vieux véhicule aménagé perso au VW flambant neuf

Un van fait maison avec un vieux fourgon d’occasion, en étant bon bricoleur et pas trop exigeant sur le confort, oui, ça peut revenir pas trop cher. Avec 8.000 € à 12.000 €, on peut même en faire un beau véhicule.

Van d'occasion sur la plage
Une bonne occasion ?

Mais si vous vous lancez sur le marché du neuf ou de l’occasion du van ou du fourgon aménagé par des professionnels, attention au coup de bambou !

Pour un véhicule tout droit sorti des ateliers, comptez autour des 40.000 € pour les premiers prix et jusqu’à 70.000 € pour les plus onéreux ! Et les plus chers ne sont pas forcement les plus grands et cossus mais les marques emblématiques comme le VW California Édition dont la version 6.1 peut atteindre quasiment les 80.000 € !

Sur le marché de l’occasion, les prix baissent sur ce genre de véhicules de série mais pas tant que ça. Comptez encore 30.000 € pour un fourgon d’une dizaine d’années et moins de 100.000 km au compteur.

Les tarifs des camping-cars : un vaste choix pour tenter la campingcarlife

Pour les camping-cars, obligation de se tourner vers des véhicules de série. Le fait-maison n’existe pas, ou alors c’est vraiment très très rare.

En neuf, le low cost commence autour des 40.000 € comme pour les vans. Par contre, le haut de gamme atteint des hauteurs stratosphériques, au-delà des 200.000 € pour des versions poids lourds ou 4×4, et peuvent même atteindre le demi-million d’euros pour des véhicules d’expédition tout confort.

C’est toutefois sur ce marché de l’occasion que l’on trouve de bonnes affaires. Entre 25.000 € et 30.000 €, il y a pléthore de choix, quel que soit le type de véhicule (capucine, profilé ou intégral) dont l’âge tourne autour des 10 ans et avec souvent peu de kilomètres (moins de 50.000km).

Et si vous êtes bricoleurs, un véhicule un peu plus ancien mais avec un bon moteur peut se négocier entre 10.000€ et 20.000€, à vous de vérifier l’étanchéité et l’usure du bas de caisse (c’est le plus important) pour ne pas avoir de mauvaises surprises. Et, avec des idées, du temps et de l’huile de coude, vous pouvez avoir un authentique palace prêt à prendre la route.

En conclusion, il n’y a pas grande différence entre les deux types de véhicules. Les débrouillards et les malins trouveront de bonnes occasions dans les deux catégories mais dans le neuf, il faut, dans tous les cas, casser la tirelire.

A priori n°4 : le van, génération Instagram, le camping-car, génération Téléstar

Vanlife ou vie en camping-car, les clichés passés au crible

Quatrième stéréotype, et non des moindres, y a-t-il un fossé entre les adeptes de l’écran de smartphone et ceux des écrans télé ?

Faisons simple et commençons par la télévision.

Omniprésente dans les camping-cars avec la belle antenne multidirectionnelle qui va avec, on la retrouve aussi pas mal sur les fourgons de série, mais il est vrai, beaucoup moins sur les vans, surtout ceux faits maison.

Pourtant, il faut y regarder de plus près pour approcher de la vérité.

Même si certains camping-caristes n’ont pas encore déplié le marche-pied à leur étape que l’antenne hertzienne est déjà en recherche du meilleur réseau Telsat (loin de moi l’idée de juger, chacun fait ce qu’il veut), il y a aussi une bonne proportion d’entre eux qui ne l’utilise jamais ou très peu.

Les personnes qui ont lu cet article ont aussi lu :  Camping-Car Park : notre avis sur leurs aires

Surtout, elle permet d’occuper les enfants en cas de mauvais temps ou quand ils sont vraiment trop pénibles… ce qui n’arrive jamais bien évidemment (la méthode « je mets les enfants devant la télé comme ça je suis tranquille trente minutes » n’est qu’une légende. Je ne vous ai rien dit, personne ne fait ça réellement).

Ça marche aussi quand le conducteur a vraiment trop râlé dans la journée et que le copilote n’en peut plus et veut être tranquille cinq minutes !

Le vanlifer serait-il, lui, complètement imperméable à l’influence de l’écran LCD (j’ai failli écrire tube cathodique, preuve de mon grand âge) ?

Pas forcément, il s’est adapté et préfère disposer d’une bonne connexion 4G pour se connecter à YouTube ou Netflix (et d’autres que je ne connais même pas) et profiter ainsi de sa dose vidéo quotidienne.

Ce qui nous amène directement vers les réseaux sociaux, le vanlifer donnant souvent l’image d’un accro à ce genre de connexion virtuelle au monde. Certes, le grand boom actuel du van et du fourgon vient peut-être en partie de l’image cool, libre et écolo véhiculée par les posts Instagram des plus importants influenceurs du domaine.

Mais le camping-cariste est-il en marge de la grande toile ? Oh que non, il ne communique pas nécessairement sur les mêmes réseaux mais quand on voit par exemple, le nombre de groupes Facebook en rapport avec le camping-car, c’est impressionnant.

Je pense donc, en résumé, que chacun des protagonistes est tout aussi connecté, même si les moyens ne sont pas toujours les mêmes.

Pour conclure, lâchez vos écrans, quels qu’ils soient, pour profiter de la vue de rêve de votre nouveau bivouac… mais seulement quand vous aurez fini de lire cet article !

Stéréotype n°5 : bivouac seul au monde en van contre aire surchargée en camping-car

La dernière idée reçue, le camping-cariste squatte les campings ou les aires de services, là où le vanlifer s’offre les grands espaces, seul au monde.

Là encore, on ne peut pas faire de généralités sans creuser un peu le sujet.

Avec sa masse et son gabarit imposants, le camping-car ne peut pas toujours se permettre d’aller explorer un petit chemin de traverse pour stationner au milieu de nulle part.

En plus, avec près d’un million de véhicules de loisir sur les routes en haute saison en France, il est difficile dorénavant de passer inaperçu et les spots de rêves sont vite connus et envahis. D’ailleurs, est-ce une bonne chose d’alimenter l’application Park4Night avec les points GPS de son dernier bivouac ? On peut se poser la question…

C’est donc en partie pour ces raisons que l’on retrouve souvent des rangées plus ou moins espacées de véhicules stationnés au même point, là où les autorités autorisent leur venue.

En mode sardines sur les aires de camping-car

Peut-être a-t-on aussi perdu l’essence même du voyage itinérant c’est-à-dire l’itinérance.

En restant en grand nombre, sur des durées assez longues, en des endroits pas vraiment adaptés à nos volumes et sans tenir compte des autres usagers, il est possible que tout cela ait fini par limiter notre liberté de mouvement et nous oblige désormais à nous entasser aux seules places encore accessibles. En tout cas, en été, sur les sites les plus touristiques.

Qu’à cela ne tienne, redécouvrons les chemins de traverse, les pépites insoupçonnées et bien cachées qui n’attendent que nous. Et pratiquons de nouveau le bivouac à l’ancienne où l’autochtone n’a pas le temps de s’habituer à notre présence que l’on est déjà parti vers de nouveaux horizons.

En cela, les voyages à l’étranger sont parfois la seule alternative pour bivouaquer tranquille. Certains pays constituent des destinations idéales pour ce mode de voyage. En Europe, le Portugal notamment (depuis 2020, le stationnement nocturne y est toutefois réglementé) ou plus loin, le Canada et l’Ouest des États-Unis

Peut-être est-ce là la vraie réussite de la vanlife ?

Je n’en suis même pas si sûr quand je vois le nombre de petits véhicules qui choisissent aussi les aires de services et les campings pour passer la nuit. Le sentiment rassurant de rester les uns près des autres a aussi conquis une partie des vanlifers.

Mais au final, n’y a-t-il pas du bon par moment à se rassembler en plus ou moins grande communauté pour partager et échanger ? Que ce soit sur une aire, un camping, un simple parking, au milieu d’une clairière, au bord d’une plage, au pied d’une montagne, le lieu n’a parfois pas la moindre importance mais c’est la rencontre qui fait le reste.

Rassemblement de familles françaises en voyage au Mexique à bord de leur camping-car
3 familles françaises voyageant en camping-car se retrouvent au hasard de la route dans un camping au Mexique

Alors, oui, si en plus le cadre est magique, l’échange n’en est que plus inoubliable.

Alors #vanlife ou #campingcarlife ?

Pour entrer dans une catégorie, encore faudrait-il avoir une définition claire et précise de ce qu’est la vanlife !

Et puis, Vanlifer ou camping-cariste, peu importe la case dans laquelle on veut nous mettre !

L’essentiel est de savourer les bons moments passés sur la route et de respecter l’environnement dont il nous est donné de profiter.

Ainsi, d’autres générations pourront aussi se lancer à l’aventure et prendre autant de plaisir que nous en avons, à partir avec notre maison sur le dos.

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vanlifer ou camping-cariste ?
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2 commentaires sur “Vanlifer VS Camping-cariste : les clichés passés au crible”

  1. Perso, j’ai une préférence pour les camping-cars et en regardant votre bilan d’analyse, je suis d’accord avec vous, les personnes ayant plus de 60 ans se tournent plus vers un profilé qu’un van. Lorsque j’ai acheté le mien, je n’ai pas hésité une seconde quant à la monture.

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