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Les 7 péchés capitaux des camping-caristes : entre vérité et mensonge, notre avis sur la question

Quelle image ont de nous nos concitoyens non camping-caristes ? Si certains nous envient notre liberté de déplacement pourtant toute relative, d’autres nous accusent de tous les maux. Au vu du nombre croissant de véhicules de loisirs sur le territoire, les rapports se crispent parfois entre les adeptes du voyage en toute autonomie et le reste du monde. Dans cet article, je passe au crible les lourds préjugés qui pèsent sur notre communauté. Je vous donne mon humble avis sur chacun des défauts et manquements pour lesquels nous sommes souvent blâmés. Ceci de manière tout à fait subjective et qui n’engage que moi ! Tel Thomas d’Aquin au XIIIe siècle qui lista les vices de l’humanité, je m’attaque donc aux 7 péchés capitaux du camping-cariste.

Et vous, vous en pensez quoi ? Dites-nous tout en commentaire !

L’astérisque (*) que vous repérerez à plusieurs reprises dans cet article fait référence à une étude publiée par la Direction générale des Entreprises en 2018.

Choisissez votre image et épinglez-la sur Pinterest pour la retrouver plus tard !

1- Les camping-caristes sont radins

« Quels radins ces camping-caristes ! Toujours à râler pour dépenser deux pièces pour les services ou le stationnement. »

Mon avis : ce n’est pas tout à fait faux.

Les camping-caristes pècheraient-ils par avarice ?

Selon une étude* réalisée en 2017 auprès d’un large panel de camping-caristes, plus de la moitié d’entre eux considèrent le tarif des services comme abusif. Idem au sujet du stationnement de jour payant. De plus, au vu du nombre de commentaires lus sur les applications de partage tirant à bout portant sur des aires dont le seul défaut est le fait qu’elles ne soient pas gratuites, le phénomène est bien incontestable.

Pour les services, environ un camping-cariste sur deux admet sans sourciller qu’il convient de régler ses consommations, même à prix fort, plutôt que de les laisser supporter aux contribuables locaux. L’autre moitié préfère trouver l’aire gratuite la plus proche, quitte à dépenser en carburant l’équivalent du coût d’un plein d’eau. À chacun de choisir où il veut payer sa dîme !

Pour le stationnement, il est vrai qu’il peut être rageant de s’acquitter d’un droit de parking sur un espace mal aménagé et excentré dans un lieu touristique, quand les voitures y sont accueillies gratuitement et à proximité. Mais, si tout le monde doit payer, et c’est souvent le cas sur des sites à forte fréquentation, je considère normal d’avoir un tarif supérieur à un véhicule classique si des installations spécifiques sont réalisées pour nous. Un surcoût qui se justifie car on prend plus de place au sol tant en longueur qu’en largeur.

Maison du grand site des Gorges de l'Hérault - Parking et aire de camping-car
Le parking du Grand site des gorges de l’Hérault. Même tarif appliqué aux camping-cars et aux voitures en journée. En théorie, cette partie du parking est réservée aux camping-cars 😅

2. Des véhicules et des propriétaires envahissants

« On est envahi par les camping-cars ! Regarde-les ceux-là, ils sont garés n’importe comment. On ne voit plus rien et on a même plus de places pour nous ! »

Mon avis : ce n’est plus tout à fait vrai.

Il a été une époque, pas si lointaine, où les barres de hauteur n’existaient quasiment pas, où les restrictions de gabarit étaient peu nombreuses. Puis le boom du camping-car est passé par là, certaines destinations se sont vite retrouvées envahies par des hordes de véhicules aménagés et le couperet est ainsi tombé sur la liberté de stationnement. Dorénavant, fini le mur blanc devant la mer sur la presqu’île de Quiberon, le troupeau de moutons à moteur au pied du Mont-Saint-Michel ou le camp des Indiens en roulotte autour des lacs pyrénéens (exemples non exhaustifs mais bien réels, vus de mes propres yeux). Est-ce vraiment un mal ?

Pour moi, franchement, non. Je préfère retrouver la splendeur naturelle de tous ces sites en y éliminant toutes traces d’occupation humaine, camping-cars y compris. En contrepartie, j’appelle de tous mes vœux les municipalités qui ont lutté contre ces désagréments à se doter de points d’accueil pour les gros gabarits, un peu à l’écart mais de manière raisonnable, afin que le camping-cariste puisse profiter de toutes les beautés du pays, lui aussi. Que l’on organise avec méthode l’accès des CC, oui. Que l’on nous exclut, non !

Le Mont-Saint-Michel avec ou sans les parkings à ses pieds.

3- Les camping-caristes sont des vieux bourrés de fric

« Le camping-car, c’est bien un jouet pour retraités plein aux as ! »

Mon avis : trop cliché pour être 100 % vrai

L’âge moyen du camping-cariste français reste élevé et une grande partie d’entre eux est retraitée, c’est vrai*. La majorité des propriétaires de camping-car appartiennent donc à une tranche de la population qui n’a souvent plus de charges familiales, a payé sa maison, etc. La proportion de leurs revenus consacrés aux loisirs augmente ainsi très sensiblement, d’où l’impression supposée ou réelle qu’ils jouissent d’un compte en banque bien garni. Mais bon, riches ou pas, ils n’ont pas volé leur argent et ont bien raison d’en profiter après toute une vie à travailler. Chez les médisants à ce sujet, n’y aurait-il pas une pointe de jalousie ? Le fait de disposer de temps libre sans plus aucune responsabilité familiale fait des envieux !

Pour ce qui est des familles justement, celles-ci sont effectivement moins représentées dans le milieu aujourd’hui qu’au début de l’ère camping-car. Les pionniers restés fidèles à ce mode de vacances ont vu leur progéniture grandir et s’envoler du nid, tandis que leur âge avançait. La démocratisation des voyages low cost a poussé les ménages à privilégier les séjours tout compris à pas prix plutôt qu’à investir dans des véhicules aménagés de plus en plus luxueux, mais aussi de plus en plus onéreux.

Depuis les années 2000, le marché du camping-car a gagné un nouveau dynamisme. Il est en effet devenu le sésame des futurs retraités avides de découvertes et d’évasion qui ne veulent pas rechigner sur leur confort. On retrouve davantage les « jeunes », les « fauchés » et les familles sur le marché de l’occasion errant à la recherche de la perle rare pour partir en couple et s’essayer à la vanlife (terme galvaudé mais tellement à la mode), tenter l’aventure à bord d’une maison sur roulettes.

Comme dans tous les milieux, il y a de tout dans les camping-caristes. Des jeunes et des moins jeunes, des petits portefeuilles et des grosses tirelires. C’est d’ailleurs ce qui fait la beauté de cette communauté si hétéroclite qui gomme parfois ses différences lorsque tous se rassemblent autour d’une même passion ou d’un apéro improvisé.

Un camping-car americain en France, la nouvelle norme ?
Un camping-car américain en France, la nouvelle norme ?

4- De mauvais consommateurs

« Bon débarras des camping-caristes ! D’abord c’est pas eux qui font vivre les commerces ! »

Mon avis : Pas d’accord du tout

Un camping-cariste, du fait qu’il a un frigo, une cuisine et un max de rangement dans son véhicule serait le pire des clients pour les commerces locaux. Eh bien non, je n’y crois pas une seconde ! Bien sûr, il arrive que le voyageur prévoyant parte avec quelques réserves en soute pour ne pas se prendre la tête avec le ravitaillement sur les premiers jours du road trip. Toutefois, rares sont les camping-caristes insensibles aux produits locaux qu’ils rencontrent au cours de leurs pérégrinations. D’ailleurs, si une partie d’entre nous devait confesser ses péchés, je ne serais pas étonné que la gourmandise gagne la première place du top 7 !

J’en connais qui planifient leur trajet et leurs étapes en fonction des bonnes adresses qu’ils ont repéré à travers l’Hexagone et en Europe. Les petites et moyennes collectivités locales qui favorisent l’accès à leur commune ont bien vite compris que ces voyageurs potentiellement présents tout au long de l’année, ne faisaient pas de mal à leurs commerces, bien au contraire. Une baguette par là, un gâteau par ci, un tour à l’épicerie du coin ou au marché hebdomadaire, cela fait partie du quotidien de la vie itinérante, et même de ses grands plaisirs quand tout est fait pour en profiter.

Les restaurateurs, parfois véhéments envers les camping-caristes n’ont pourtant pas à se plaindre de ces derniers. En effet, la moitié d’entre nous se pose à la terrasse ou dans la salle d’une bonne table au moins une fois par semaine*.

Je persiste et signe, le camping-cariste bien accueilli est un bon consommateur. Preuve en est le nombre croissant d’exploitants agricoles qui ouvrent leurs portes pour la nuit. Ils trouvent ainsi une nouvelle clientèle souvent exigeante, mais aussi fidèle et passionnée. Pour info, le budget moyen des dépenses d’un camping-cariste en goguette est d’environ 50 € par jour hors frais de déplacement, ce qui équivaut à peu près au budget moyen des vacanciers en meublé et même en chambre d’hôtes*.

Circuit 3 semaines en camping-car. Jour 18 du road-trip : Les terrasses de Chiroubles
Ravitaillement en produits locaux aux terrasses de Chiroubles – Road trip du Bordelais à la Bourgogne.

5- Des crados, des sans-gènes

« On voit bien où ils sont passés avec leur camping-car ! Des poubelles qui traînent, les vidanges sauvages et les feux de camp un peu partout ! De vrais sans-gènes ! »

Mon avis : une minorité d’irresponsables qui jettent l’opprobre sur une majorité respectueuse.

Qui n’a pas râlé un jour en arrivant sur un site, sauvage ou aménagé, jonché de sacs plastiques, de flaques d’eau nauséabondes, de tas de cendres fumantes et même de jolis petits papiers multicolores disséminés au grès du vent ? Hélas, presque tous les camping-caristes ont déjà connu cette situation. Et pour la très large majorité d’entre eux, c’est rédhibitoire et ne donne clairement pas envie d’installer son véhicule. Autrefois, la plupart levaient le camp pour trouver un coin moins pollué. Aujourd’hui, ils sont de plus en plus nombreux à s’armer de gants et de sacs poubelle pour nettoyer.

S’agissant des sacs pleins, déchets plastiques, bouteilles en verre et autres ordures qui traînent, je plaide non-coupable pour la communauté camping-car. Tous sont munis d’un espace dédié au stockage de leurs déchets dans leur véhicule. Même si certains râlent lorsqu’aucun conteneur n’équipe leur spot, très peu sont assez gonflés pour laisser leur détritus derrière eux. Cela arrive bien sûr, il y a des gens irrespectueux partout, mais c’est très rare ! Je ne veux pas faire de jugement hâtif, mais au sujet du maintien de la propreté, on peut observer des comportements abjects de la part de touristes en goguette pour la journée, voire de locaux qui arrivent en voiture ou à pied. À bon entendeur, salut !

Pour les vidanges sauvages, là, je vais être plus modéré. En France, vu le nombre important d’aires de services, il n’y a pas trop de tentation au vidage intempestif des eaux grises. Pourtant, il existe encore des camping-caristes qui rejettent ces dernières dans le premier caniveau venu en prétextant que cela ne fait de mal à personne. En fait si, c’est une nuisance. En effet, un caniveau est prévu pour l’évacuation des eaux pluviales et non des eaux usées, souvent plus sales voire polluantes. Déverser ainsi le contenu de son réservoir est d’ailleurs un acte réprimandé par la loi (Art R. 116-2 alinéa 4 du code de la voirie routière) pouvant mener à une contravention de catégorie 5 dont le montant peut grimper jusqu’à 1500 € !

Idem pour les eaux noires, certains pratiquent leur vidange dans les toilettes publiques. Pourquoi pas, si on les laisse dans le même état qu’en arrivant… Mais comment sait-on si ces dernières sont raccordées ou non au réseau de tout-à-l’égout ? Si elles s’écoulent dans une fosse septique, bonjour les dégâts pour les bactéries avec les produits de la plupart des w.c. chimiques !

Pour le feu de camp sous les étoiles, là aussi la réglementation est très stricte et interdit la plupart du temps cette pratique, surtout en été en cas de fortes chaleurs. Même en prenant toutes les précautions nécessaires, ces feux de joie allumés en pleine nature restent dangereux et néfastes à l’environnement. Alors mieux vaut s’abstenir ! Après, ils ne sont pas l’apanage des camping-caristes. Les campeurs en toile de tente en sont très friands 😉

Dernier point, les besoins naturels en plein champ, derrière un arbre ou un buisson. La plupart des camping-cars sont autonomes, ils ont leurs propres sanitaires. En principe, pas de problèmes donc. Pour les plus baroudeurs, souvent en van, en voiture aménagée ou autres tentes de toit véhiculées, les règles se doivent d’être respectées à la lettre pour ne pas transformer les bivouacs en champs de mines à la décoration teintée de touches roses ou blanches. La petite pelle, le petit trou, la petite commission, on met le papier à la poubelle et on rebouche. Ainsi, on laisse le lieu (presque) comme on l’a trouvé. Ni vu ni connu. Sinon fini le spot idyllique !

6- Tous des profiteurs

« Ah, ces camping-caristes, de vraies ventouses, ils sont installés sur le parking depuis des semaines ! »

Mon avis : hélas, cela arrive encore, surtout quand tout est gratuit.

Encore une fois, je risque de faire grincer des dents mais j’assume. Si on voyage en véhicule aménagé et que l’on a envie de faire une pause dans son périple, le mieux est de s’installer dans un lieu prévu à cet effet, du genre camping ou aire payante pour camping-cars.

Certes, on peut se garer n’importe où sur la voie publique en respectant le Code de la route, ou faire du bivouac. Mais, dans tous les cas, interdiction de :

  • déballer du matériel extérieur ;
  • gêner les autres usagers de la chaussée ;
  • rester plus de 7 jours.

Vous allez donc me dire que sur une aire gratuite prévue pour les camping-caristes, rien ne vous empêche d’y passer un mois. Oui, pourquoi pas, si rien n’est indiqué par la mairie concernant une limitation de stationnement. On respecte la loi, mais respecte-t-on l’esprit camping-car ? Pense-t-on aux copains voyageurs qui auraient, eux aussi, bien aimé profiter un peu des emplacements et des services mis à disposition ? Pour que les aventures nomades de chacun puissent perdurer, laissons la place dans des délais raisonnables. Et n’hésitez pas à faire vivre les petits campings municipaux qui subsistent en France et qui souvent nous accueillent pour des tarifs encore assez avantageux. Cela permettra de conserver les structures et de découvrir, parfois, des lieux insolites.

Super aire camping-car au stationnement gratuit à Saint-Thégonnec (Bretagne)

7- Des escargots sur la route

« Oh non, je me retrouve derrière un camping-car ! Je vais en avoir pour des heures à arriver en suivant cet escargot ! »

Mon avis : totalement faux !

Allez, pour la dernière, je charrie un peu. Mais qui n’a pas un jour entendu ce poncif ? Sur la route des vacances, certains nous incriminent de créer des bouchons interminables parce que nous n’en aurions pas assez sous le capot pour avancer. Balivernes, je dis.

Les moteurs équipant les camping-cars depuis une quinzaine d’années sont largement assez puissants pour tenir des moyennes respectables sur la chaussée, surtout au vu des limitations de vitesse toujours plus basses et plus nombreuses. Dans des conditions difficiles sur les pentes abruptes en montagne, je trouve également que l’on s’en sort pas mal. Même moi avec une capucine de 2009 équipée d’un 2,3 l Multijet 130 CV de chez Fiat, mes montées de col ne sont pas ridicules. Peut-être pas dignes d’un Lance Armstrong de la belle époque, mais quand même.

Là où nous sommes les plus contrariants pour les autres usagers de la route, c’est davantage dans les descentes où nos 3,5 tonnes nous obligent à être très vigilants et à bien jouer du frein moteur. Mais au final, cela permet aussi aux automobilistes de se calmer un peu et leur évite de partir en vrille lorsqu’ils s’imaginent en Sébastien Loeb.

De plus, de nombreux camping-caristes sont plutôt adeptes des chemins de traverse et ne gênent pas la circulation. En tout cas, c’est notre cas. Si le besoin se fait vraiment ressentir, un arrêt sur le bas-côté pour laisser passer les impatients et je reprends tranquillement la route à la suite. Lorsque notre gabarit nous l’impose, on sait se mettre en retrait. Il nous est arrivé par exemple de sortir de l’autoroute A20 en plein Larzac tant le vent chahutait la capucine. Nous avons alors préféré traîner sur les départementales plutôt que de gêner les véhicules qui filaient à toute allure sur la voie rapide. Autant éviter les désagréments pour tous et conduire en toute sécurité !

Et puis, de temps en temps, les paresseux qui n’ont pas trouvé l’accélérateur sont bien des automobilistes ! Pas toujours simple de doubler, on les suit sur des kilomètres et des kilomètres à la vitesse de la tortue alors que le lièvre sous notre capot ne demande qu’à s’exprimer… Patience et souplesse sont alors nos meilleures vertus.

Les camping-caristes sur les routes et leur predilection pour les chemins de traverse
Les camping-caristes et leur amour des chemins de traverse 😅

Le camping-cariste et les préjugés : bilan

À l’heure où certains ont tendance à vouloir dresser les gens les uns contre les autres, Carine et moi aspirons à ce que la tolérance et le respect restent des valeurs fondamentales. Pour cette raison, on se doit de faire notre autocritique. Le monde du camping-car doit également jouer le jeu et avouer en toute honnêteté quelques-unes de ses mauvaises habitudes.

Bien, c’est fait, je me suis autoflagellé.

En contrepartie, il est souhaitable que le voyage itinérant avec sa maison sur le dos soit encore synonyme de liberté. Rappelons que c’est avant tout pour cela que le nombre de camping-caristes augmente année après année. Pour conclure, je vais citer une célèbre maxime : « La liberté des uns s’arrête là où commence celle des autres ». C’est dans le respect mutuel que l’on avance vers un monde meilleur.

Sur ces belles paroles, bonne route à tous et have fun !

Ah oui, et n’oubliez d’ajouter votre opinion en commentaire 😉

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