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La scolarité pendant un voyage au long cours

Comment gérer la scolarité pendant un voyage au long cours ?

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Cet article résulte de notre expérience de voyage familial en Amérique du Nord. Un road trip d’une année en camping-car à travers le Canada, les États-Unis et le Mexique.

Parce qu’un voyage au long cours ce ne sont pas des vacances, nos chers bambins ne peuvent échapper à l’école. Depuis l’année où nous sommes partis, la loi a changé. À l’heure où je reprends cet article, nous sommes dans une phase transitoire. Les modifications apportées dans la réglementation ont fait grand bruit dans notre pays car la liberté d’instruire ses enfants en famille est désormais limitée dans un cadre strict. Pour les voyageurs itinérants toutefois, cela ne devrait pas changer grand-chose même si, sur le fond, il s’agit bien d’une réforme profonde. École à la maison (ou instruction en familleIEF), éducation formelle, informelle, un monde inconnu s’ouvre dès l’instant où on entreprend un périple de plusieurs mois avec des enfants en âge scolaire. Cet article a pour objet de défricher le sujet à travers notre propre expérience dans le domaine.

La différence majeure entre aujourd’hui et 2017, année à laquelle nous avons fait nos démarches, c’est que vous devez demander une autorisation à l’administration, là où nous avons fait une simple déclaration. Aussi, notre expérience en matière de procédure administrative n’a plus lieu d’être sur ce blog. Je vous renvoie à la fiche Service Public. Les nouvelles mesures entrent en vigueur à la rentrée scolaire 2022.

Ci-après, notre retour d’expérience après 1 an sur la route. On partage nos choix par rapport à toutes les possibilités offertes, ainsi que notre organisation au quotidien.

Le plaisir de faire l'école avec papa et maman

Comment instruire les enfants en famille ?

La réglementation précise que « L’instruction ne doit pas nécessairement respecter les programmes de l’Éducation nationale pour chaque niveau, la famille choisissant librement les moyens et méthodes d’atteindre ce niveau. De plus, l’enfant n’est pas soumis aux évaluations nationales de CE1 et de CM2. » En clair, le contrôle pédagogique doit pouvoir constater que l’enfant progresse et que l’instruction qu’il reçoit l’amènera à maîtriser les exigences du socle commun à ses 16 ans.

Mais, ne pas suivre le programme de l’Éducation nationale fait peur à beaucoup de monde.

En tout cas, à nous, ça nous fichait bien la trouille !

Comment nos enfants pourraient-ils reprendre en établissement scolaire au retour, auraient-ils le niveau pour s’intégrer à leur classe, pour se présenter à des examens, pour choisir une orientation si on ne respectait pas les programmes ? Trop de questions en suspens pour cette première expérience en IEF, donc nous n’avons pas hésité bien longtemps et avons suivi les instructions officielles.

Néanmoins, il y a de nombreuses façons d’instruire ses enfants en famille même en restant dans le cadre donné par l’Éducation nationale.

Différents modèles d’Instruction en Famille

La scolarité pendant un long voyage
La scolarité pendant un long voyage. Apprendre de multiples manières.

On peut choisir entre :

  • une éducation formelle avec cahiers, manuels, exercices à faire assis à une table sur un temps dédié et identifié comme étant consacré aux apprentissages ;
  • une éducation informelle : apprendre de l’autre, de soi, et de son environnement, sans les manuels scolaires ;
  • une combinaison de ces deux modèles.

Si on opte pour le formel, on peut choisir de souscrire à des cours par correspondance avec ou sans suivi (évaluations à rendre avec notation à la clé, ou pas).

Les cours par correspondance (CPC)

De notre côté, nous avons vite éliminé les cours par correspondance pour leur coût élevé et, a priori, leur manque de souplesse.

Avec un CPC, il est en effet rarement possible de récupérer la totalité des leçons et exercices avant la rentrée scolaire. De plus, des évaluations sont à rendre dans toutes les matières et il est nécessaire de disposer d’une connexion internet stable pour télécharger les supports ainsi que pour renvoyer des devoirs. Ne sachant pas si nous pouvions compter, ou pas, sur le réseau au Canada, aux États-Unis et au Mexique, nous n’avons pas démarché le CNED ni aucun autre organisme.

Nous ignorions d’ailleurs que l’on pouvait avoir recours à des alternatives privées ou associatives. Nous l’avons appris pendant le voyage ou au retour. Il existe, entre autres, les Cours Legendre, les Cours Pi, tous deux plus onéreux que le CNED, ou Pass-éducation qui, en tant qu’association, propose des packs complets pour le primaire à un prix défiant toute concurrence.

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Toutefois, si vous inscrivez votre enfant à des cours par correspondance, vous voudrez peut-être profiter de la simplification administrative que les cours privés proposent, ce qui n’est pas le cas de Pass-éducation.

Nous n’avons aucun retour à formuler sur la qualité de tous ces CPC puisque nous ne les avons pas testés.

Notre choix pour l’instruction formelle

Nous avons opté pour une instruction formelle en utilisant le programme officiel fourni par l’Éducation nationale, que nous avons passé au crible avant de partir et, de temps en temps, pendant le voyage, surtout pour l’aîné en classe de 4e. Arrachage de cheveux garanti !

Pour avoir une banque d’exercices toujours à portée de main, nous avons amené 2 cahiers multimatières de 2 éditeurs différents pour chacun de nos enfants. Nous avions choisi les collections Tout Savoir chez Hatier et Pour Comprendre chez Hachette qui proposent des leçons, des exercices applicatifs et des corrigés. Notre préférence va au premier, le second détenant un fascicule correctif truffé d’erreurs. Peut-être l’éditeur y a-t-il remédié depuis.

Enfin, il y a de nombreuses ressources gratuites sur internet, mais nous n’y avons presque pas eu recours. Nous n’avons procédé à aucune évaluation formelle pendant l’année, seulement contrôlé les acquis par interrogations orales régulières, une petite question l’air de rien de temps en temps…

L’évolution du mode d’instruction sur la route

L’éducation informelle a pris naturellement sa place pendant le voyage. Nos visites et rencontres ont permis à nos enfants d’en apprendre autant qu’en formel dans des tas de domaines différents. Nous avons consolidé ces apprentissages en tentant de les réutiliser dans de nouvelles situations lorsque c’était possible.

Ainsi, l’examen du comportement d’un bernard-l’hermite pendant plus d’une heure nous a donné l’occasion d’initier le plus jeune au dessin d’observation, les visites de l’Est et du Sud des États-Unis ont servi de base à un exposé sur l’esclavage, thème que les copains d’école avec lesquels il était resté en contact, avaient aussi traité sous un autre angle, un plan à l’échelle du camping-car fait travailler la technologie pour l’aîné, etc., etc. Les possibilités sont infinies.

Dessin scientifique d'un bernard-l'hermite par Nathan (CM1)
Dessin scientifique d’un bernard-l’hermite par Nathan (CM1)

Pour vous rassurer avant de partir, rien de mieux que de lire des témoignages ou de rencontrer des familles qui pratiquent déjà l’IEF. Il existe des associations référencées sur internet et surtout des groupes Facebook très dynamiques.

Sur Facebook, faites une recherche avec le terme « IEF ». Vous pouvez y allier votre département et vous trouverez ainsi des familles qui exercent ce mode d’instruction près de chez vous.

De plus, de nombreuses expériences sont relatées en ligne dans la rubrique témoignages du site Pass-éducation.

Comment s’organiser concrètement pour faire travailler les enfants pendant le voyage ?

Une routine s’installe vite dans périple pour laisser du temps à l’instruction formelle. Nous avons rapidement constaté qu’il était difficile de mettre les enfants au travail l’après-midi ou après une journée de route. Par ailleurs, impossible pour nous d’avoir le regard trop longtemps rivé sur les cahiers pendant les trajets au risque d’avoir le mal des transports. Il était donc exclu de travailler en roulant.

Bilan : l’école, c’est le matin de 9 h à 10 h 30 (ou 11 h, cela dépend des jours).

Avec 1 h 30 à 2 h de classe, nous voulions supprimer les week-ends et les vacances scolaires. Nous avons eu droit à une manifestation en bonne et due forme qui nous a amenés à revoir notre emploi du temps. En clair, nous avons dû céder…

D’accord… pas d’école le samedi, ni le dimanche, et des vacances scolaires comme tout le monde.

Nous avons juste reporté la période normalement chômée pour les fêtes aux quinze derniers jours de janvier où nous recevions de la famille, et avons donc effacé du calendrier les deux semaines de février.

Ce planning a subi quelques entorses

Pas de cours lorsqu’une grosse journée de route est prévue, si l’on veut être tôt sur un site, si la nuit a vraiment été mauvaise. De rares journées ont été consacrées intégralement aux apprentissages scolaires pour « rattraper » ces manquements à nos obligations.

Papa et maman ont retroussé leurs manches et participé à parts égales à la tâche. La répartition s’est faite naturellement en fonction de nos appétences pour telle ou telle discipline.

Les apprentissages formels et informels faisaient aussi l’objet de discussions, parfois animées, autour de la table du salon pendant la cuisson ou le repas. Quelques heures de plus pour apprendre sans s’en rendre compte !

Bilan d’une année d’école à la « maison »

Après une année scolaire, quel bilan tirons-nous de cette expérience ? Si c’était à refaire, procéderions-nous de la même manière ?

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Du point de vue relationnel, soyons clairs. Ce n’est pas facile tous les jours !

Nos enfants savent nous dire ce qu’ils pensent et ne prennent pas vraiment les gants pour nous envoyer dans la figure leurs états d’âme. Nous nous sommes vite rendu compte que, même en « endossant » la casquette de l’enseignant, nous restions leurs parents. Nous ne sommes pas devenus des professeurs légitimes à leurs yeux tout de suite en assumant ce nouveau rôle. Ils ont souvent douté, remis en question nos affirmations, surtout notre cadet. On peut dire qu’ils ont l’esprit critique ! C’est une bonne chose, c’est justement un acquis à obtenir dans le socle commun de compétences.

En même temps, nous avons eu l’impression qu’ils se mettaient beaucoup de pression pour ne pas décevoir papa et maman, bien plus qu’à l’école. Pourtant, il ne nous a pas semblé exiger plus que d’ordinaire dans les devoirs à la maison.

Si l’aspect relationnel s’est avéré complexe dans ce nouveau mode d’instruction, cela a toutefois été très simple d’arriver au bout du programme scolaire. Avec 1 h à 1 h 30 de classe, Nathan, alors en CM1, avait fini son programme (toutes les matières) au mois de février et Clément, avec 1 h de plus que son frère, avait terminé sa 4e en avril. Ils ont donc passé les mois restants en révision pour consolider les acquis. Nous avons rangé livres et cahiers définitivement à la mi-juin.

Finalement, ils ont eu raison de râler pour le maintien des week-ends et des vacances !

Et puis, à vrai dire, les parents en ont eu autant besoin que les enfants.

Au retour, nos deux garçons ont été réinscrits dans les mêmes établissements qu’avant notre départ, dans leur classe d’âge. Donc en 3e pour Clément, en CM2 pour Nathan. Aucun souci pour le niveau scolaire, ils réussissent brillamment et peut-être même sont-ils plus à l’aise encore. Mais il est vrai que nos enfants ont toujours eu des facilités à l’école.

Même si cela n’a pas été évident tous les jours, même s’il n’est pas facile de concilier voyage itinérant et temps scolaire, même si on a eu envie de balancer les cahiers par la fenêtre du camion de temps à autre, nous avons trouvé l’expérience de l’IEF extrêmement enrichissante. À tel point qu’on en est arrivé à se demander s’il ne serait pas mieux de poursuivre l’école à la maison à notre retour. Deux heures de travail par jour à la maison contre sept à huit heures dans un établissement scolaire pour en arriver au même résultat ? Cela laisse songeur…

Nous comprenons désormais le choix que font certaines familles de se charger de l’instruction de leurs enfants alors que nous ne savions même pas que cela était possible avant d’y être confrontés pour ce projet de voyage au long cours. On peut dire que cette expérience nous a ouvert les yeux.

Et si on repartait demain, procéderions-nous de la même façon pour gérer la scolarité en voyage ?

Si c’était à refaire ?

On saute tout de suite.

Plus aucune inquiétude pour la scolarité. Il est fort probable que nous continuerions de la même manière pour le cadet au collège, avec certainement un peu plus d’informel encore, et que nous prendrions un CPC dans le futur pour l’aîné au lycée, le niveau scolaire étant plus élevé. On trouverait toujours un moyen pour les inscrire aux examens (ambassade, retour ponctuel en France).

De l’internet, il y en a dans le monde entier maintenant. Si on est coupé trop longtemps, alors on resterait le temps qu’il faudrait à la prochaine étape avec du réseau pour travailler. Cela suppose donc d’adopter encore plus un mode de voyage lent, sans se mettre de pression pour visiter tel pays en tant de jours, telle ville en tant d’heures, qui laisse le temps de profiter sans se sentir oppressés par les obligations scolaires.

Toutes nos inquiétudes de départ ont été balayées par les facilités que nos enfants ont eues à assimiler leur programme scolaire en plus de tous les enseignements du voyage.

On a beau le lire dans de nombreux témoignages de voyageurs, on est certain que l’on n’a pas fait de bêtise pour leur avenir qu’après avoir vécu l’expérience.

Si nous n’avions qu’un conseil à vous donner, ce serait celui-là : la scolarité de vos enfants ne doit pas constituer un frein à l’aventure.

Foncez !

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